Entre onirisme et exotisme.
Le voyage est en chacun. Tout le monde a voyagé, à sa manière. Il existe donc différentes manières de voyager. Du voyage en chambre au voyage en rêve, le voyage dans l’espace temps, le voyage intérieur…
Le voyage occupe une place particulière dans les cultures et les mythes. Initiation, expédition, quête ou rencontre. Son statut est rarement défini en temps que tel mais le déplacement est présent. Adjuvant ou opposant, il sera nécessaire à l’élaboration d’un principe ou une conclusion. Déplacement ou transport, le voyage est une quête ou une fuite ; un but ou un moyen. Les différents peuples et cultures lui donneront une signification différente.
Nous citerons, à titre d’exemples, les épisodes migratoires de Moïse ou d’Ulysse, le Tour de France des Compagnons, les déplacements de peintres renaissants flamands en Italie, l’expédition de Christophe Colomb, les Orientalistes…
Le voyage deviendra finalement une activité à part entière en Europe Occidentale. Cela se concrétisera par la naissance de sociétés de géographie et d’exploration et l’équipement des grandes expéditions, prélude aux découvertes sur les continents.  Vers la même époque, le « voyage romantique » -comme ceux de Victor Hugo dans la vallée de l’Our ou les migrations mondaines des Anglais en Toscane- annonce la naissance du tourisme. Le tourisme prend de l’ampleur dans le 20ème siècle pour devenir un réel phénomène de société dans le dernier quart de ce siècle. Le voyage devient un produit commercial et un but en soi.
De tribulations, initiation, fuite, expédition, le voyage devient un but en soi : l’exotisme sous forme d’une « tropicothérapie » vendue par des professionnels. Un produit de loisir de la société contemporaine occidentale dont la consommation est sans aucun doute un des « leitmotivs ». Le produit-voyage est de plus en plus réglementé.
Cependant, le terme voyage peut revêtir un sens métaphorique, prenons en exemple la locution populaire disant : « faire le Grand Voyage ».
Au-delà de ces digressions désordonnées, revenons sur l’illustration des raisons et le sens du voyage dans différentes sociétés appartenant à des âges et lieux divers. Le sens du mot voyage pour Ulysse, Stanley ou Jules Verne revêt des significations fondamentalement opposées et certainement révélant des états psychiques différents, tout comme le sont les motivations du voyage.
Cela nous amène à une question fondamentale : le voyage -déplacement neutre, sans but en soi- ne se définit-il pas par  sa motivation ? N’est-ce pas la raison qui pousse au voyage qui en donne le sens ? Jusqu’à un point certainement oui. Au-delà, la motivation première se confond avec le voyage lui-même.
Disons que le voyage est un déplacement. Il peut être réel ou virtuel. Parmi les voyages réels, nous trouverons nomadisme, transhumance, quête, initiation, recherche, fuite, expédition, vacances… Quant aux voyages virtuels ils seront de l’ordre du rêve, de l’observation d’un film documentaire, de la lecture d’un récit de voyage ou encore de la métaphore.

Aux origines du voyage
Le voyage n’a certainement pas toujours été perçu comme tel. La réflexion physique puis philosophique et anthropologique se fit par étapes. Si l’on devait « remonter aux sources » sans doute plongerions-nous au plus profond de la préhistoire, en ces temps où chasseurs et cueilleurs étaient nos ancêtres. Assurer leur subsistance -et la sécurité- constituait leur principale préoccupation. Primates, hominidés et hommes effectuaient des déplacements dont l’ampleur reste de l’ordre de la supposition. Cependant le type d’économie de subsistance -chasse et cueillette- postule les déplacements, plus ou moins importants, selon les régions et les périodes climatiques.
Ce nomadisme, aléatoire ou conscient, est sans doute à l’origine la première forme humaine de voyage. Le voyage d’affaire préhistorique en quelque sorte.