Une tentative belge de colonisation en Ethiopie : le voyage du consul-général Blondeel (1840-1842)
Edouard Blondeel van Cuelebroeck (Gand, 14 décembre 1809 – Madrid, 18 septembre 1872) fut nommé, en 1837, consul (puis consul-général) du royaume de Belgique à Alexandrie, auprès du vice-roi d’Egypte Muhammad-Ali. Il eut à cœur de rassembler des informations et témoignages sur les régions de la mer Rouge. Avec l’aval du souverain Léopold Ier et du gouvernement belge, il entreprit un voyage d’exploration en « Abyssinie », de 1840 à 1842. L’objectif de son expédition en Erythrée et en Ethiopie était, sans aucune équivoque, l’établissement de comptoirs commerciaux et d’une colonie belge.
Blondeel, à la suite de Combes & Tamisier et Lefebvre, voyagea en Ethiopie en même temps que les frères d’Abbadie et les officiers Ferret et Galinier ; il se trouvait ainsi en Ethiopie pendant le laps de temps qui sépare les deux voyages de Rochet d’Héricourt. Contrairement à la plupart de ses contemporains, Blondeel ne fit pas publier le récit de ses aventures ou ses observations, nonobstant les nombreux rapports envoyés en cours de mission et le rapport général de mission rédigé en 1843 après son retour.
Bien qu’absolument pas inconnu, cet épisode n’a, pour ainsi dire, pas été étudié ; peut-être aussi à cause du non aboutissement de la tentative coloniale. Hormis quelques mentions de cette expédition dans des articles des années 1900-1920 consacrés à l’histoire coloniale belge, une seule étude a été publiée, en 1953. Cette monographie, qui fut ensuite citée par d’autres auteurs, s’appuyait sur une copie manuscrite et postérieure de 50 ans du rapport général de Blondeel datée de 1899 et sur des copies de lettres, mais pas sur les documents originaux qui ne sont pas cités. Nous avons retrouvé les documents originaux (rapport et lettres) aux Archives du Palais royal de Bruxelles dans le Cabinet de Léopold Ier (et quelques lettres originales dans les Archives des Affaires Etrangères).
Dans les rapports et lettres du consul-général, nous retrouvons les grandes figures politiques éthiopiennes de l’époque, rencontrés au hasard des routes ou dans les cours seigneuriales d’un Etat alors très décentralisé: ras Ali, Wәbe du Sәmen, Gošu du Gojjam…
Edouard Blondeel van Cuelebroeck
(lithographie de J. SCHUBERT, Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Royale)