Peu de nouvelles découvertes de terrain au XVIIIe siècle
Alors que la connaissance du terrain éthiopien ne se complétait guère, les techniques de mesure (triangulation…) et de cartographie progressaient. L’invention du niveau à bulle par Melchisédec Thévenot représente une des nombreuses étapes de la perfection de l’art du dessin géométrique et topographique au cours du XVIIIe siècle.
Incluse dans la riche collection de Guillaume de Lisle, la Carte d’Éthiopie et de l’empire des Abyssins, autrement du prestre-Jan / faite sur les lieux par les R.R. P.P. Manoel d’Almeida, Affonso Mendez, Pero Pays, et Ieronimo Lobo, qui y ont demeurez long-temps (Manoel de Almeida (1578-1646), cartographe) constituait une source précieuse pour les cartographes du XVIIIe siècle et fut relayée jusqu’au XIXe siècle, âge des premiers développements de la cartographie de terrain. Ainsi, on le note sur la carte d’Abyssinie établie par Bonne en 1771, à quel point la carte d’Almeida

Bonne, carte d’Abyssinie, 1771, coll. privée
Cette période antérieure à la cartographie scientifique de terrain représente la préhistoire de la géodésie (γεωδαισία), « la science qui mesure et représente la surface terrestre » (Friedrich Robert Helmert, 1880). Pour longtemps, cette science s’est attachée à résoudre les problèmes posés par la mesure de la terre, dimensions et forme.
La mesure de la terre trouve ses origines dans les travaux de Claude Ptolémée: la mesure de la longueur des jours au solstice d’été pour établir la latitude, par exemple. En revanche, la longitude posait un problème plus complexe qui demeura sans solution de haute précision jusqu’a l’aube du XXe siècle. La méconnaissance de la longitude avait induit Ptolémée à surdimensionner la Méditerranée de mille kilomètres. La correction fut apporté par l’humaniste provençal Peiresc.
Le travail du cartographe de terrain passe par deux types de mesures à reporter sur le croquis levé sur place: la triangulation et le nivellement (ou altimétrie). L’invention du chronomètre de marine (John Harrison entre 1735 et 1757) et la mesure de la longueur du méridien furent les étapes préliminaires nécessaires au travail de terrain pouvant conduire à une cartographie moderne et scientifique. Le récit de cette aventure de la géodésie est relaté avec beaucoup de précision par Claude Brezinsnki dans un ouvrage brillant (Les images de la terre. Cosmographie, géodésie…, Paris, 2010). Voir aussi ce lien.
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