Profitant des inventions d’instruments de mesures et d’optique du XVIIIe siècle, la géodésie gagne en précision au XIXe siècle. La succession de levers topographiques par théodolite permet le dessin de réelles cartes. Le théodolite est la combinaison du goniomètre et de l’éclimètre, complété d’une boussole et d’un niveau à bulle. Le théodolite mesure les angles sur les plans horizontaux et verticaux ; il est le principal instrument de terrain en topographie par triangulation.
Le théodolite de géodésie a été inventé à la fin du XVIIIe siècle. Son usage est très simple. Au départ d’un point géodésique connu et placé à l’horizontale (niveau à bulle), il permet de mesurer les angles par rapport à un axe horizontal (triangulation), ainsi que les différences de niveau (nivellement) à l’aide d’une mire graduée ou par différence angulaire verticale.

© USGC
Si la connaissance géographique de l’Ethiopie avait peu évolué pendant le XVIIIe siècle, ce n’était pas seulement imputable à la technique, c’est aussi parce qu’aucune (ou presque) information ne parvenait en Europe. Après que la présence portugaise en Ethiopie du XVIe et du début XVIIe siècle se fut soldée par l’expulsion des Occidentaux à partir de 1632, le pays s’enferma dans un relatif isolement, par rapport à l’Europe. Les premières informations à portée géographique parvenues en Occident furent celles de la relation de voyage de James Bruce, atteignant à Gondär en 1770 et de retour, par le Soudan, en 1794 en Grande-Bretagne (publication en 1790). Dans son récit, il affirme avoir découvert la source du Nil. En fait, il ne s’agissait que du Nil Bleu, qu’il avait remonté depuis le Lac Tana. Francisco Alvares, conduisant la première ambassade portugaise à atteindre l’Ethiopie (1520-1526), fut le premier à atteindre le Lac Tana, et sans doute le premier à identifier la source du Nil Bleu, qu’il l’atteignît ou pas. En tout état de cause, la carte de Ludolf (voir ici), antérieure d’un siècle au voyage de Bruce, indique la source du Nil Bleu, tout comme celle d’Almeida qui date de 1662 (ici). Toutefois, ce faisant, Bruce initialisait une course qui allait mobiliser les explorateurs en Afrique de l’Est pendant six décennies: la découverte des sources du Nil que l’on croyait dans les Monts de la Lune, vers le centre du continent, et qui ne disparurent des cartes que dans les années 1860.

Coll. privée
Comme l’affirme très justement Jeffrey C. Stone, le XIXe siècle est l’âge d’or de la cartographie de l’impérialisme (A Short History of the Cartography of Africa, 1995, p. 47ss). En particulier le dernier tiers du siècle, alors que se prépare la ruée vers l’Afrique consécutive à la conférence de Berlin (1885). Mais l’Ethiopie fut cartographiée sans être colonisée. Russes, Italiens, Britanniques, Français apportèrent leur pierre à l’édifice géographique. La cartographie pénétra le territoire avec plus de succès que l’impérialisme occidental ; un premier jalon notoire fut posé par Henry Salt en 1910.

Coll. privée